Portrait de Jean de Jullienne François de TroyToulouse, 1645 – Paris, 1730Huile sur toileH. 0,925 ; L. 0,73Achat à la vente Despinoy, Paris, 1850Inv. P. 46.1.144 Jean de Jullienne fit fortune dans le commerce du drap et devint directeur de la Teinturerie des Gobelins, mais c’est comme mécène éclairé qu’il passa à la postérité. Collectionneur, il rassembla un grand nombre d’oeuvres de Watteau. Il publia, entre 1726 et 1735, quatre volumes de gravures qui reproduisaient l’essentiel des dessins et des tableaux de Watteau : le célèbre Recueil Jullienne. Jullienne est ici représenté dans un somptueux négligé, une élégante robe de chambre doublée de satin bleu dont le peintre met en lumière, au tout premier plan, une importante manche, dont les plis et les rehauts brodés constituent un savoureux morceau de peinture. Le modèle tient un porte-crayon et présente un portrait de son ami Watteau, dont il est vraisemblablement l’auteur (cette feuille est aujourd’hui au musée Condé à Chantilly). Le musée conserve le pendant de cette toile, également peint par François de Troy, le Portrait de Marie-Louise de Brécey, qui épousa Jean de Jullienne en 1720. L’élégance de la pose, l’intelligence du regard du modèle, la sensibilité de l’exécution désignent cette toile comme un chef d’oeuvre du portrait français. Cette effigie attachante n’est-elle pas emblématique du rôle sociologique du portrait à l’époque moderne : contribuer à la notoriété d’un personnage et honorer la mémoire d’un peintre génial ?